Comité d’organisation : LAREM
Présentation du Laboratoire LAREM
Une nouvelle vision s’impose en force, en raison des enjeux nationaux et internationaux, partout dans le monde. En effet, une adaptation et une amélioration continues sont les maîtres mots des pratiques pédagogiques auxquelles aspirent les établissements et universités marocains, afin
d’assurer des débouchés de qualité. C’est dans cet état d’esprit que HECF a créé le Laboratoire de Recherche Multidisciplinaire « LAREM » depuis 2017. Ladite approche multidisciplinaire adoptée par le laboratoire, a pour finalité de traiter les axes de recherche suivants :
- La digitalisation en marche : l’appropriation des outils numériques par les entreprises et leur impact ;
- Le marketing dans tous ses états ; le dépassement d’une approche limitée vers une conception élargie du marketing centré sur la co- création de valeurs ;
- L’entrepreneuriat sous perfusion ou comment résoudre le dilemme entrepreneurial en crise ?
- Le développement durable en action : au-delà des bonnes intentions, la responsabilité sociale et sociétale des entreprises.
Le laboratoire est organisé en équipes de chercheurs, couvrant plusieurs spécialités, il reste ouvert aux autres domaines et spécialités complémentaires qui souhaitent participer à la mise en place et au développement des projets de recherche aux retombées multidimensionnelles. Sans oublier le rôle majeur que jouent les membres du comité scientifique dans la consolidation et la promotion de la recherche scientifique, par le biais de critiques constructives et des recommandations. Les évènements organisés par LAREM-HECF prennent la forme de tables rondes, de journées d’étude, de colloques et de séminaires, selon un calendrier annuel et un plan d’action en concertation avec les parties prenantes.
Résumé des interventions
Rapport élaboré par : Pr. ES-SALMANI Mourad
Une table ronde sous le thème (Innovation ouverte comme levier de création de valeur et de performance financière : quelle application pour l’entreprise agricole ?) a été organisée par le centre de recherche multidisciplinaire EREM de l’école HECF Fès, le Mardi 28 février 2023. Cette table a réuni environ des dizaines de personnes et a permis aux participants de se renseigner sur un nouveau concept à savoir l’innovation ouverte qui est considéré comme un processus d’innovation en entreprise consistant à combiner entre les différents acteurs internes et externes dont l’objectif est la création de valeur et de performance financière, et ce, grâce aux interventions fructueuses de Mme Asiya GALIULINA et M. Imad NASSIM.
Après le mot d’ouverture du président fondateur du groupe HECF, Pr. Moussa Abdelkrim ; Mme Asiya GALIULINA, professeure permanente à HECF Fès, a initié la table par la présentation du plan, puis par sensibiliser les participants aux concepts de l’innovation ouverte et de clusters ainsi que donner des exemples à travers le Monde : LEGO, P&G, Haier, TECH CITY, RENAULT ….
Le 2ème intervenant M. Imad NASSIM professeur permanent à l’HECF Fès a récapitulé les différents travaux réalisés cherchant à expliquer l’impact de l’Innovation Ouverte durable sur la performance financière. Ce qu’on a pu dégager c’est qu’Il n’y a pas beaucoup d’études sur l’impact des pratiques d’IO sur la performance financière, en plus, les résultats des différentes études sont hétérogènes et parfois contradictoires. Dans sa 2ème intervention M. NASSIM a présenté une étude de cas d’une Startup italienne Agroalimentaire –ALPHA cherchant à fournir une évaluation empirique du rôle de l’innovation ouverte basée sur le crowdsourcing dans la création de valeur partagée dans l’industrie agroalimentaire et ce à travers deux questions centrales : Comment l’innovation ouverte durable basée sur le crowdsourcing peut-elle favoriser la création de valeur partagée dans l’industrie agroalimentaire ? Quel est le rôle des technologies numériques dans un tel processus d’innovation ? Pour répondre à ces questions les auteurs se sont appuyés sur une littérature pertinente et sur les preuves empiriques issues d’une étude de cas inductive emblématique. Cela leur a permis de proposer un cadre conceptuel qui montre clairement et de manière exhaustive les principales caractéristiques du phénomène étudié, qui ont été résumées selon cinq propositions théoriques. Ce résultat est significatif et pertinent à la fois pour les chercheurs et les praticiens intéressés par l’avenir des entreprises agroalimentaires.
Après avoir présenté des exemples d’innovation ouverte, Clusters au Maroc et Cluster agricole régional de Meknès, Mme Asiya GALIULINA a essayé, dans sa dernière intervention à travers une étude empirique sur le management de l’innovation ouverte dans les Clusters au Maroc réalisée par elle-même dans le cadre de sa thèse de Doctorat, de répondre à la problématique « Quels sont les facteurs humains qui conditionnent les projets d’innovation ouverte au sein des clusters marocains ? ».
Les résultats de cette étude sont synthétisés dans un modèle abstrait qui cherche à présenter les facteurs humains qui conditionnent les projets d’innovation ouverte au sein des clusters marocains. Ces facteurs se résument comme suit :
- Pour relever les défis humains de l’innovation ouverte, il est nécessaire pour toutes les organisations participantes d’acquérir et améliorer la capacité d’absorption, en motivant le personnel, en développant ses compétences et en leur proposant les opportunités d’apprentissage.
- Également, acquérir et améliorer la capacité de création collective de sens, en prenant soin de la composition de l’équipe et du choix du chef d’équipe, en favorisant la confiance interpersonnelle, en maîtrisant le roulement du personnel.
- De développer les compétences individuelles spécifiques à travers les systèmes de recrutement et de formation.
- De transformer sa culture organisationnelle de manière à ce qu’elle favorise l’innovation ouverte, notamment en promouvant l’intérêt du groupe, l’esprit de collaboration et le partage des connaissances, l’ambidextrie des employés, en encourageant les employés à prendre le risque et à respecter les échéances.
A la fin de cette table ronde M. Tarik EL HADDAOUI, professeur permanent à HECF Fès et modérateur de cette manifestation a ouvert le débat qui s’est déroulé dans une bonne ambiance, finalement cette table ronde s’est clôturée par la prise d’une photo collective qui a réuni les intervenants et les participants afin de mémoriser cet événement scientifique.
Rapport Final
Elaboré par : Mme Galiulina et Mr Nassim
L’intervention de Mme Galiulina Asiya a débuté par la description des objectifs visés pour cette table ronde, ainsi que l’annonce du plan. Après avoir présenté brièvement le cadre théorique, en définissant le concept d’innovation ouverte et en mettant l’accent sur ses origines, plusieurs exemples des pratiques d’innovation ouverte dans le monde ont été présentés. Notamment, l’exemple d’innovation ouverte en impliquant les clients, illustré par le cas de Lego, l’IO avec les clients et les fournisseurs (cas de Procter & Gamble), cas Haier avec les clients, les fournisseurs et les chercheurs, l’écosystème d’open innovation européen « Software République » dans le secteur d’automobile, les projets d’innovation ouverte réalisés à Singapour (reconnu en tant centre d’innovation en Asie). Ensuite, le concept du cluster a été abordé, avec sa définition scientifique et en sa relation avec l’innovation ouverte. Ceci a été illustré par l’exemple du laboratoire d’innovation ouverte de Renault Group implanté dans le cluster américain le plus connu Silicon Valley. L’ensemble de ces exemples ont démontré comment l’innovation ouverte peur créer de la valeur à travers la mise sur le marché de nouveaux produits pouvant mieux satisfaire les nouveaux besoins des clients, mais également en ayant l’impact positif sur l’environnement et le bien-être collectif. Par ailleurs, l’accent a été mis sur la théorie des capacités dynamiques qui s’avère un cadre propice pour étudier l’innovation ouverte, et notamment les capacités dynamiques de haut niveau, telles que les capacités de détecter les nouvelles opportunités de marché, les capacités de la saisir/exploiter et les capacités de se transformer et se reconfigurer.
Également, il a été souligné, à travers la citation d’un article récent issu de la revue indexée Scopus que l’innovation ouverte implique des changements dans la pratique de comptabilité analytique. Les études dans ce sens constituent une perspective de recherche pour nos étudiants (PFE), mais également pour nos professeurs-chercheurs.
Par la suite, les exemples d’innovation ouverte pratiqué au Maroc ont été présentés, à travers les cas de Royal Air Maroc et de l’Office Chérifien des Phosphates. Le sujet de la politique des clusterisation au Maroc, avec la présentation des 16 clusters labellisés, a été également abordé, en illustrant par l’exemple du projet Smart Farming réalisé par le Cluster Solaire et dont l’impact est bénéfique pour l’AgriTech du Maroc.
Finalement, les défis du management d’innovation ouverte ont été abordés. En effet, pour réussir à créer de la valeur et atteindre la performance financière, il faut d’abord savoir gérer les difficultés qui se présentent tout au long du projet d’innovation ouverte. Ces difficultés relèvent souvent des facteurs humains : questions relatives à la culture, opportunisme, gestion des droits de propriété intellectuelle, différence des objectifs des membres etc. Mme Galiulina Asiya a partagé avec l’auditoire les résultats de son étude empirique ayant fait l’objet d’une recherche doctorale. L’étude porte sur trois clusters marocains dans le secteur de l’électronique/mécatronique, le secteur des énergies renouvelables et celui du textile technique. Vingt-deux entretiens semi-directifs ont été réalisés auprès de quatre catégories d’acteurs d’innovation ouverte (entreprises, universités, laboratoires de recherche et administrations des clusters). La problématique abordée par l’étude était « Quels sont les facteurs humains qui conditionnent les projets d’innovation ouverte au sein des clusters marocains ? ». L’analyse des résultats a été réalisée à l’aide du logiciel Nvivo 10. Les résultats démontrent que les principales difficultés rencontrées lors des projets d’IO au sein des clusters marocains sont les obstacles culturels, l’absence d’une seule vision et compréhension entre les partenaires, problèmes liés aux compétences, manque de capacité d’absorption, manque de confiance, manque de motivation, problèmes d gestion de projet et les problèmes de communication. La présentation de l’étude empirique a été clôturée par l’ouverture sur les perspectives de recherche dans le domaine.
Ainsi, suite à cette table ronde, l’école HECF a su atteindre les objectifs visés au préalable. Notamment, nous avons sensibilisé l’auditoire par rapport au concept de l’innovation ouverte, en jetant la lumière sur les pratiques d’IO dans le monde et au Maroc. Nous avons ouvert le débat sur les défis que soulève le management d’innovation ouverte. Nous avons initié la discussion sur les possibilités de mettre en place les pratiques d’IO au sein des entreprises agricoles du Maroc. Par ailleurs, suite à cette discussion, nous avons identifiés les thèmes des PFE pour les étudiants et des projets de recherches scientifiques pour les professeurs-chercheurs HECF, dont les résultats seront utiles aux entreprises agricoles de la région Fès-Meknès. Sur la base des résultats de ces études, nous comptons dans l’avenir très proche présenter une liste des recommandations et assurer les séances de formation / coaching / consulting / accompagnement à l’intention des acteurs de l’écosystème du secteur agricole de la région Fès-Meknès.
La première intervention de Mr Imad Nassim a porté sur l’étude explicite d’un article scientifique issu de Scopus dont l’objectif est la compréhension et l’étude de l’impact des pratiques de l’innovation ouverte sur la performance financière. Les auteurs ont eu recours à plusieurs ratios, notamment le ROA, le ROA, le Tobin’s Q et l’Asset turnover, et ils ont trouvé un impact positif dans la mesure où l’innovation ouverte peut conduire à des améliorations à long terme de la productivité et de rentabilité et permet une réduction des coûts de production et une augmentation du volume des ventes à long terme.
Par la suite, Mr Nassim a souligné l’aspect hétérogène et contradictoire des différentes études réalisées dans ce même contexte et il a également mis l’accent sur leur nombre restreint ce qui pourrait constituer un champ de recherche pertinent pour les doctorants et les étudiants de HECF BUSINESS SCHOOL également.
Quant à sa deuxième intervention, après avoir présenté quelques exemples de clusters agricoles à travers le monde (Agrinove, Machinisme, Plantes…) et les différents projets à forte valeur ajoutée résultants de ce partenariat gagnant-gagnant entre les différentes parties prenantes ; il a présenté le cluster AGRINOV A – AGRIPOLE INNOV A TION DE MEKNES qui est le premier cluster agricole au Maroc, mais qui jusqu’à présent, n’a pas encore abouti à exploiter les différents mécanismes pécuniaires et non pécuniaires existants et les concrétiser par la réalisation de projets innovants en faveur des acteurs du secteur agricole Marocain.
Finalement, ce qu’on a pu dégager de cette deuxième intervention de Mr NASSIM, c’est qu’au Maroc, et plus précisément dans le secteur agricole, l’innovation ouverte est encore un concept peu connu, les gens ne sont pas trop sensibilisés par rapport à cette problématique. Il y a des initiatives très intéressantes qui commencent à apparaitre, mais les vrais projets d’innovation ouverte peinent encore à démarrer. Alors, ça peut être, entre autres, question de culture et de mentalité qu’il faudra changer, en s’ouvrant aux idées externes et aux partenaires extérieurs. Et justement, c’est aussi notre rôle vous et nous, professeurs et étudiants HECF, futurs leaders des entreprises marocaines et africaines, de contribuer à ce que les choses évoluent dans le sens positif.
